(suite)
Il est effectivement regrettable que vous vous soyez autorisée à déverser sur
cet homme intègre des tombereaux d’âneries qui ne vous font pas honneur. J’ai
su que vous ne l’aviez jamais rencontré avant de commettre votre ouvrage, et
aussi que vous aviez eu, après coup, le toupet de lui adresser huit questions,
auxquelles il a répondu. Il s’est montré bien patient, me semble-t-il, à votre
égard. Il est vrai que s’il ne vous avait pas répondu, vous n’auriez pas manqué
d’en tirer des conclusions de votre façon.
Madame Igounet, vous qui croyez accéder aux hauteurs de la critique
universitaire, alors que sans vous en rendre compte, vous servez la soupe à des
gens qui vous utilisent, vous n’arrivez pas même à la cheville de celui que vous
avez traîné dans la boue. Comme c’est dommage que vous n’ayez pas cherché
à rencontrer d’anciens élèves de Monsieur Faurisson à Paris III, ou à l’IUT de
l’avenue de Versailles, où il enseignait aussi. Comme il est regrettable que vous
n’ayez retenu que les témoignages à charge, ceux qui vous arrangeaient pour
mener à bien votre triste entreprise. Par exemple, le grand amphi de la Sorbonne
était plein de ces élèves-là, le jour où Monsieur Faurisson a soutenu sa thèse sur
Lautréamont. Il ne devait pas être si difficile de contacter d’anciens élèves de ces
établissements, d’anciens témoins de cette soutenance, qui a marqué les esprits.
Monsieur Faurisson dérange, il faudra vous y faire. Il a toujours dérangé, non
par choix, mais par conviction intellectuelle qu’un texte, qu’un document,
quel qu’il soit, dit quelque chose, et qu’avant de partir dans des considérations
pseudo-intellectuelles, la première tâche du chercheur est d’établir ce qu’il dit.
Avec précision. Avec rigueur. Avec exigence vis-à-vis de soi, et avec respect à
l’égard de l’auteur du texte ou du document. Mesurez combien cette démarche
vous est étrangère, vous qui avez jugé sans vérifier vos sources, sans chercher la
contradiction, sans mettre votre conclusion à l’épreuve. Vous l’aviez condamné
sur des rumeurs, avant même d’entamer votre entreprise de lynchage. Vous
ne serez jamais "celle qui a trouvé la clé" de l’énigme Faurisson. Il n’y a pas
d’énigme. Vous en êtes pour vos frais, et vous sombrerez, plus tard, quand les
passions se seront éteintes, dans le ridicule d’avoir bâti une thèse sur des a-
priori.
Madame Igounet, j’ai bien l’honneur de vous saluer.
Anne-Marie Mellé, retraitée de l’enseignement public, accessoirement Agrégée
des Lettres modern
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